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Influence des variations de l’OAT, de l’ERP et des taux d’intérêts sur les niveaux de valorisations
Les années 2022 et 2023 ont été marquées par d’importants bouleversements économiques, notamment les conflits en Ukraine et au Proche-Orient, générant une inflation significative et des ajustements majeurs dans la politique monétaire mondiale traduis par plusieurs hausses des taux directeurs. Dans ce contexte d’incertitude politique et financière, une analyse des impacts sur l’Obligation Assimilable du Trésor (OAT) et l’Equity Risk Premium (ERP) ayants particulièrement évolués sur 2022 et 2023 s’avère essentielle. Cette étude vise à comprendre les variations de ces indicateurs au cours de cette période tumultueuse et leurs conséquences sur les niveaux de valorisation des entreprises, toutes choses étants égales par ailleurs.
Evaluation des paramètres entre janvier 2022 et décembre 2023
Les Obligations Assimilables au Trésor (OAT) sont des emprunts obligataires émis par le gouvernement pour financer des projets publics, caractérisés par un taux fixe, considéré comme le taux sans risque en raison de leur émission par un gouvernement stable et solide. Ces obligations notées AAA intègrent deux composantes principales : la valeur temporelle de l’argent et l’inflation.
L’Equity Risk Premium (ERP) représente le rendement supplémentaire que les investisseurs exigent au-dessus du taux sans risque pour investir. Il se calcul en soustrayant le taux sans risque du rendement attendu sur le marché des actions. Il est souligné que, pour l’ensemble du marché, le bêta est toujours égal à 1,0, indiquant une parfaite corrélation des rendements. La figure présentée illustre que le rendement requis pour le marché global est déterminé par le taux sans risque et l’ERP.
Selon ce graphique, nous pouvons observer une forte corrélation entre l’OAT française et américaine, avec un coefficient de corrélation de 0,96. De plus, nous constatons que l’OAT et l’ERP français sont négativement corrélés, avec un coefficient de -0,56, en raison de l’existence d’une relation inverse entre ces deux variables, ainsi une augmentation de l’OAT en France entraine une diminution du niveau de l’ERP (à rendement attendu du marché action stable) et inversement.
Partie 2 : Application illustrative
Cette section vise à illustrer l’impact de la variation de la prime de risque (ERP), du taux sans risque (OAT) et du taux d’intérêt (représenté ici par le taux directeur de la BCE) sur la valorisation des sociétés sur la période janvier 2022 à dimanche 2023. Nous utiliserons la méthode d’évaluation par les flux actualisés (DCF) dans trois scénarios distincts : le premier portant sur la variation de l’ERP, le second modulant le taux sans risque (OAT) et enfin un troisième scénario reflétant la variation des taux d’intérêts. Cette approche comparative permettra d’analyser l’influence respective de ces trois paramètres sur la valorisation de l’entreprise, offrant une vision précise de leur impact relatif au cours de la période de cette étude. En examinant ces variations au cours des deux dernières années, notre objectif est d’identifier le facteur prédominant dans la détermination de la valeur intrinsèque de la société étudiée.
Ces trois variables ont un impact sur les niveaux de valorisation via le taux d’actualisation représenté par le CMPC, dont elles sont des composantes essentielles à travers le cout des capitaux propres et le coûts de la dette. En effet, comme illustré dans la formule du CMPC (E/D+E * coût des capitaux propres + D/D+E * (1-tx d’IS) * coût de la dette), avec coût des capitaux propres = taux sans risque (OAT) + Prime de marché (ERP) ajusté du beta de marché.
L’analyse comparative des variations du taux sans risque (OAT), de la prime de risque actions (ERP), et du taux d’intérêt sur le coût moyen pondéré du capital (CMPC) révèle, qu’une variation du taux sans risque et de l’ERP aurait proportionnellement le même effet sur le CMPC. En effet, une variation de 1 point de pourcentage du taux sans risque ou de l’ERP contribuerait à une variation CMPC de 0,85 points de pourcentage, ce qui apparait supérieur à l’impact de la variation du taux d’intérêt qui aurait un impact de seulement 0,11 points de pourcentage (dû à la structure capitalistique de la société).
Ainsi, à première vue, l’OAT et l’ERP semblent avoir un impact plus significatif que le taux d’intérêt sur le niveau du CMPC. Néanmoins, ces résultats doivent être nuancés, car ils peuvent naturellement varier sous l’effet de la structure financière ou du bêta. En effet, une société très endettée sera plus sensible à une variation du taux d’intérêt dans sa structure de coût du capital, tout comme une société présente sur un secteur très volatile sera plus sensible à sa prime de risque marché en raison de l’effet du bêta.
Nous présentons ci-dessous l’impact des variations constatées de l’OAT, de l’ERP et des taux d’intérêts sur la valeur d’une société fictive valorisée initialement 100,0 m€ avec les paramètres au premier janvier 2022.
Dans ces trois scénarios, le CMPC a été ajusté pour tenir compte des variations de (1) l’Obligation Assimilable au Trésor (OAT), (2) la prime de risque des actions (ERP), et (3) le taux d’intérêt reflété par le taux directeur de la BCE (qui impacte également les free cash-flow via les intérêts financiers) sur la période retenue. Nous avons également retenu un taux de croissance long-terme de 1,5% pour l’ensemble des scénarios.
Les différents impacts sur la valorisation sont les suivant :
- Une variation de 2,4 points de l’OAT : a entrainé une baisse de la valorisation de 23,3% ;
- Une variation de 0,09 point de l’ERP : a entrainé une baisse de la valorisation de 1,7% ;
- Une variation de 4,5 points du taux d’intérêt : a entrainé une baisse de la valorisation de 21,1%.
Ainsi, les paramètres ayants le plus impacté la valorisation sur la période ont été les obligations assimilables du Trésor (OAT) et le taux d’intérêt. Cependant, lors de l’analyse de la variation relative par rapport aux mouvements des indicateurs, il est apparu que la valorisation a été nettement plus réactive à l’évolution de l’ERP, présentant une élasticité de 0,87.
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